08/06/2014
Le paysage et son double : Claudio Moser
Des œuvres de Claudio Moser émerge une rêverie architecturale. Ce travail fait passer d’un univers surchargé d’images à celui d’un effacement presque abstrait où le paysage trouve un nouvel équilibre. On ne peut que penser à Beckett et à sa phrase "vivre est errer seul vivant au fond d'un instant sans borne". Car ne restent que des "indices" d'un monde en disparition. Il devient le sujet dépouillé des photographies de l'artiste, leurs marges d'un presque obscur.
Il en va de la vue, il en va de la vie. Perdurent des zones, des seuils et quelques gradients le plus souvent minéraux. La photographie de paysage est démontée puis remonté. Pans, segments et lignes brouillent les pistes. Dans ces conditions, au sein même d’une forme de négation du réel, surgit une inévitable présence au sein même de l’extinction. Claudio Moser la rend sensible en des lieux de passage et des choses d’oubli. Demeurent un nécessaire écart et le sentiment d’un espace ouvert. Mais ils orientent vers on ne sait quel abîme et vers quelle faille sinon et surtout vers le désir de la vie malgré tout. Elle insiste, on la sent elle est là. Même sous les paupières on la voit.
Jean-Paul Gavard-Perret
Claudio Moser expose chez Skopia à Genève en juin-juillet 2014.
08:57 Publié dans Genève, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
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