23/04/2014
Blanches landes et célébrations de Sylvie Godel
Fribourgeoise d’origine, Lausannoise d’adoption Sylvie Godel sait qu’il n’y a pas d’avènement de la poésie des formes sans un certain sens du rite de la fusion. Celle-ci dénude par la cuisson les apparences jusqu’à les transformer en paysages oniriques et labyrinthes optiques. Chaque pièce devient la caisse de résonance de l’intime en un mouvement dialectique. L’éros dit l’indicible, la blancheur rappelle la confusion des sens. Entre brûlure et glaciation, Sylvie Godel ne manque donc jamais d’audace pour inventer par la matière des œuvres à la nudité jamais scabreuse et qui ne contient rien de frelaté. Frontières, limites, seuils deviennent pour la céramiste ses champs d’explorations. La blancheur y divague tant chaque « grain » d’argile devient un grain de folie. La poétique des formes oscille entre sensualité et mysticisme.
Dans leur puissance, leur fragilité, leur minimalisme les pièces de l’artiste proposent un jeu marqué entre fond et la surface, la platitude et de la profondeur. Loin d’une pathologie sentimentale l’œuvre ouvre une sensation vitale. Chaque proposition dans sa blancheur vibre sobrement parce que la matière provoque non pas un épaississement mais un éclaircissement, une transparence. Elle perd en densité mais l'impalpable gagne en matérialité. La forme décompose le monde pour le recomposer par le feu de la cuisson et celui de l’artiste. Son imaginaire est un l’appel à la liberté de la sensation et à la germination de l’intense dans un immaculé moins virginal que sensuel.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:17 Publié dans Femmes, Images, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
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